Un p’tit coup d’œil dans le rétro zébré…

28 février 2018

29 mai 1985, Stade du Heysel, peu après 19 heures : l’horreur s’installe dans les foyers, en direct à la télévision, et affecte, pour la postérité, la finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions entre la Juventus et Liverpool. Ce qui devait être une fête du Football vire rapidement en un cauchemar indescriptible et apocalyptique au terme duquel on dénombrera 39 victimes et 454 blessés.

Dans leur Q.G. de Blanmont en Brabant Wallon (Chastre, à +/- 40 km de Charleroi) – un complexe aménagé sur le site des anciennes carrières de Blanmont où ils ont pour habitude de séjourner lors de leurs mises au vert –, les Zèbres découvrent avec effroi la même vision immonde d’un carnage improvisé par la violence, la haine et l’alcool, et anticipé par le marché noir.

Pourtant, cette rencontre de Tour Final du lendemain pour l’accession en Division 1, face à Saint-Trond, il faudra bien la jouer.

Après avoir été défaits, une semaine plus tôt, à Winterslag (2-0) et pris leur revanche (2-1) le dimanche de la Pentecôte, les Zèbres, qui reçoivent les Canaris avec un certain Éric Van Lessen à leur tête, sont obligés, à tout prix, de prendre les deux points s’ils veulent rester dans la course afin de briguer le second ticket pour la montée.

Une minute de silence est demandée en mémoire de la tragédie de la veille et plonge le Stade dans un pieux recueillement. Durant cette minute qui semble interminable, des images insoutenables reviennent instantanément devant les yeux de nombreux spectateurs, des témoins anonymes, 24 heures auparavant – devant leur petit écran –, d’une abominable sauvagerie humaine, parmi les 15.000 personnes qui, pourtant, ont rallié le Mambourg.

Puis, l’arbitre, Monsieur Van Volcem libère les 22 joueurs et le Football revêt, comme par enchantement, ses plus beaux apparats, car il oppose deux formations résolument portées sur un jeu offensif et bien décidées à s’adjuger la maîtrise du match.

Lazlo Fazekas

Du côté de Saint-Trond, Éric Van Lessen, qui occupait encore – douze mois plus tôt – la double fonction de joueur-entraîneur au RCSC, est bien décidé à jouer un vilain tour à son ex-club en basant son schéma tactique sur sa perle hongroise Lazlo Fazekas (92 sélections en équipe nationale/24 buts) qui, à 37 ans, accomplit sa dernière saison de joueur professionnel.

Ce dernier est dans une forme éblouissante et court comme en ses plus belles années lorsqu’il planta 252 buts en 407 rencontres pour son Club de cœur, le Ujpest FC, de 1965 à 1980, avant d’être transféré à l’Antwerp où il fit les beaux jours de 1980 à 1984 (38 buts en 111 matches).

Tous les ballons passent par lui et Saint-Trond domine toute la première mi-temps face à un Sporting qui résiste vaillamment, devant Mailleux, en un système en 5 – Curaba, Harrison, Brichand, Delanghe et Silvagni – 3 – Pugh, Varrichio et Goretti – 2 – Dhondt et Beugnies.

Royal Charleroi Sporting Club 1984 -1985

Debout, de g. à dr. : Mathy-Pugh-Horion-D’Achille-Delanghe-Harrison-D’Hondt

Accroupis, de g. à dr. : Silvagni-Beugnies-Curaba-Brichand

Au sortir des vestiaires, la donne change et André Colasse exhorte ses Zèbres à prendre carrément la direction des opérations. À la 51’, Silvagni s’empare du ballon et le transmet à Jean-Pierre D’Hondt qui sollicite Velkeneers d’une tête puissante. Le gardien Trudonnaire ne peut capter le ballon et le repousse dans les pieds de Goretti, toujours à l’affût, qui n’en demandait pas tant.

Dans une ambiance exaltante que l’on pouvait même qualifier de « bon enfant », les Zèbres mènent 1-0, presque contre le cours du jeu. Et soudain, il n’y en a plus que pour le Sporting qui, à peine 240 secondes plus tard, double son avantage avec, à nouveau, Fabrice Silvagni à l’origine de l’action victorieuse.

                                  

Le mythique défenseur des Zèbres (de 1983 à 1996) alerte le dernier rempart Limbourgeois qui, cette-fois-ci, trouve D’Hondt, devant lui, à la récupération de son interception approximative.

Dans la liesse générale, Didier Beugnies se précipite vers son partenaire pour le féliciter mais il s’accroche, bien involontairement, avec Velkeneers. Ne réfléchissant pas un seul instant sur les conséquences de son geste malheureux, le feu-follet du Mambourg le gratifie d’une petite gifle.

Monsieur Van Volcem est sans pardon et voit rouge, il sort le bristol de la même couleur et somme l’attaquant du Sporting à quitter la pelouse illico presto.

Les Zèbres sont réduits à dix pour la dernière demi-heure et les visiteurs se remettent à espérer en jetant toutes leurs forces dans les duels. Les Carolos sont malmenés et à la 61’, Cleuren redonne des couleurs aux Canaris qui reviennent à 2-1.

Saint-Trond se fait de plus en plus dangereux mais, à la 87’, Pascal Horion (monté au jeu à la place de Goretti) provoque un penalty. Cette fois, il ne peut plus rien arriver au Zèbres, croyait-on…

Kevin Pugh se précipite pour le botter… Nom d’un Zèbre, c’est sur le piquet ! La défense Carolo se retranche dans son camp et Harrison fait le ménage en dégageant dans les tribunes…

Le Sporting tiendra bon et signera une seconde victoire très importante dans ce Tour Final qui devra, ensuite, le conduire sur le terrain du RC Malines… Mais, cela, ce sera pour un prochain rétro ! Il ne faut pas louper le passage de la Zebra Time Machine pour ne pas être en retard… dans un futur tout proche, au Stade du Pays de Charleroi, ce samedi 3 mars à 20 h ! Soyez à l’heure, Amis Supporters !