Felice Mazzù s’est confié au journaliste de L’Avenir Jean Derycke pour donner naissance à "Papa, je te promets qu’un jour…", un récit de la vie du coach du Sporting de Charleroi, de son enfance à Charleroi Nord aux bancs de touche de Pro League. Ce livre, disponible à l’achat à la Boutique du Stade du Pays de Charleroi, était présenté en ce début de semaine dans le cadre aussi innovant qu’authentique de La Manufacture Urbaine (LaM.U)…
Felice Mazzù : "J’espère qu’en parcourant ce récit, beaucoup de personnes s’y reconnaîtront et parviendront à franchir des étapes dans leur existence."
"Le vrai élément déclencheur de la conception de ce livre, c’est, d’abord, le fait d’être arrivé en Division 1, en tant qu’entraîneur. C’était le deuxième objectif que je m’étais fixé après le premier que j’avais raté, celui de devenir joueur professionnel. Mais j’ai compris très vite que je ne le serais jamais, parce que je n’avais pas assez de qualités.Je me suis donc un jour focalisé sur mon second objectif de vie: essayer de devenir entraîneur d’une formation en D1.
Ensuite, c’est aussi d’avoir réussi à réaliser le rêve auquel je m’étais attaché, pas d’avoir réussi dans la vie, car il y a tellement de paramètres qui peuvent définir la réussite dans une vie!
Par le biais de ce récit, j’ai souhaité pouvoir exprimer tout le parcours que j’ai effectué pour arriver où j’en suis actuellement. En me connaissant tel que je suis, cela a été très simple de me confier. Je n’ai pas peur de m’ouvrir, de me dénuder. Cela fait partie de l’humilité et de la simplicité de quelqu’un.
Je n’ai pas envie que l’on me connaisse uniquement comme entraîneur de football, mais aussi en tant qu’homme, et, surtout, de connaître le parcours de mes parents, comme Papa, comme Maman. Je désire également que l’on mette en évidence tous les sacrifices qu’ils ont dû faire. Par conséquent, j’ai aussi un peu dénudé la famille Mazzù. J’espère que beaucoup de personnes pourront s’y reconnaître et franchir des étapes. Ce serait bien qu’ils y parviennent grâce à cet ouvrage.
Maman et Papa l’ont bien évidemment lu. Comme dans toute mon éducation et comme je l’explique dans ce récit, le partage de sentiments, dans notre culture et notre famille, n’était pas légion. Mes parents en sont très fiers et très contents. Je le sais, par rapport à leur sourire, leur attitude et au regard qu’ils ont porté sur ce livre, une fois qu’ils l’ont eu terminé. Mais je ne le sais toujours pas par rapport à leurs mots, mais ce n’est pas ça le plus important. L’essentiel, c’est que l’on soit tous fiers de ce nom: Mazzù!
Par ailleurs, il y a eu des passages plus difficiles à aborder, comme ceux de l’enfant que j’ai perdu et de ma belle-maman qui n’est plus de ce monde. Que ce soit pour mon épouse, Julie, ou pour moi, ces moments ont été douloureux. S’il n’y avait pas d’histoire d’amour, je ne pense pas que je me serais lancé dans cet objectif, de réaliser un livre, car ce qui est naturel, ce qui est vrai vous permet de créer certaines choses et de concrétiser des rêves.
J’ai élaboré ce récit, en compagnie de Jean (Derycke), grâce à cette histoire qui nous lie avec le Sporting de Charleroi et ses supporters. La première chose qu’il faut savoir, c’est que mon histoire, c’est celle de tous ces gens qui sont derrière le but, en T4. On a le même parcours de vie, le même niveau social et on a – on avait, en ce qui me concerne – les mêmes difficultés pour aller voir un match de foot et mettre de l’argent de côté.
Je suis peut-être juste différent par rapport à mon métier et à mon salaire mais, pour le reste, que ce soit au niveau familial ou du vécu, et, le fait d’agir de manière transparente, je pense que nous sommes identiques. J’espère que tous ces supporters pourront se reconnaître, dans ce parcours."
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Jean Derycke : "Felice, avant tout, c’est quelqu’un qui se raconte, sans se la raconter…"
"L’idée de ce livre m’est venue en discutant avec Felice, un jour, au coin d’une table. Comme il raconte pas mal d’anecdotes et de choses – que ce soit en conférence de presse ou en simple discussion, on va dire, de bons camarades –, je me suis dit qu’il serait vraiment bien de les compiler et de les raconter d’une manière plus structurée, plus profonde. Felice a tout de suite été très emballé par ce projet, d’autant plus qu’il l’avait dans la tête depuis longtemps. Cela a été très facile de se rencontrer, dans une perspective qui s’est révélée évidente, dès le début, et dont la suite a été du même acabit.
Nos entretiens se sont déroulés en parfaite communion et nous étions sur la même longueur d’ondes sur les sujets que nous voulions aborder. Tout ce qu’il a pu trouver d’intéressant à évoquer a fait l’objet, par après, d’un gros puzzle en vue de sa retranscription. En fait, tous ces bouts d’anecdotes ressemblent à une immense interview qui, en définitive, a été très agréable à faire.
Felice, on le connaît, parle beaucoup avec son cœur. Il y a eu des émotions, des envolées et, par moment, beaucoup de pudeur, même s’il se livrait abondamment. Avant tout, c’est quelqu’un qui se raconte, sans se la raconter. Le récit comprend des passages très légers, qui résument bien le personnage, mais il contient également des extraits émotionnellement forts. Quand il m’en a fait part, on sentait bien que cela venait des tripes. Ce n’était pas si simple. On n’a pas fait de la psychologie de bord de zinc mais, quelque part, je pense qu’il a pu se libérer sur certaines choses qui lui pesaient encore aujourd’hui.
Ce qui est assez amusant, c’est que Felice aurait pu être également un pianiste, un aviateur, un coach de tennis. Il aurait narré les mêmes choses, si ce n’est que la toile de fond n’aurait pas été le football, comme c’est le cas dans ce livre. Mais le foot n’est pas du tout le sujet de ce dernier. C’est plutôt un parcours de vie d’un gamin, d’immigré italien, des quartiers Nord de Charleroi, qui a appris à se battre, à vivre, à faire plein de choses pour arriver à atteindre – en tout cas, en partie – ses rêves.
Cette expérience est plus proche de mon métier de base, de journaliste, que de scénariste de bandes dessinées, sans pour autant mettre de côté ma vocation de journaliste sportif. J’ai posé à Felice les questions que je voulais vraiment lui poser, en avançant dans l’écriture, avec ce qui en résultait, en les menant et les cadrant, tout en lui laissant énormément de libertés. Des confidences – qui venaient d’elles-mêmes – avaient besoin d’être dévoilées au grand jour.
Ce n’est pas le catalogue du beau Felice, que l’on voudrait vendre. Il y a beaucoup d’aspérités. C’était très clair dès le début, je ne voulais pas d’un bouquin promotionnel. Je désirais qu’il raconte sa vie, telle quelle, avec aussi ses côtés sombres. Ce n’est pas un gars parfait, loin de là, même si, je le précise, il y a pire que lui.
S’il y avait un souvenir à garder de cette collaboration, de ces moments de partage, ce serait l’osmose qui s’est créée autour de cette giga interview, la manière dont elle a abouti pour qu’elle puisse être racontée afin que ce ne soit ni populaire, ni voyeuriste, ni superficiel."
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Stéphanie Dubois (Éditrice aux Éditions Luc Pire) : "Nous avons tout de suite été convaincus par le potentiel du récit de la vie de Felice en tant qu’individu!"
"Le fait que je sois supportrice du Sporting de Charleroi a évidemment favorisé la naissance de ce livre, mais nous nous sommes lancés dans ce projet après que Jean Derycke nous ait contacté par l’entremise de Pascal Scimè, le journaliste de la RTBF, avec qui nous travaillons également pour ses "Trajectoires" qui racontent également le destin extraordinaire de joueurs et entraîneurs de football. Jean nous a proposé de retracer l’histoire de Felice Mazzù que je connaissans déjà en partie puisque je suis le club au quotidien et participe à certains de ses évènements comme le Fan Day annuel, par exemple. J’ai tout de suite été convaincue par le potentiel du projet, par le fait que raconter qui est Felice en tant qu’individu ferait un bon livre. On sent que c’est une personne vraie avec un parcours qui mérite d’être raconté et qui peut devenir un exemple pour tous, jeunes et moins jeunes.
Nous avons donc rencontré Felice qui nous a tout de suite confié toutes ses photos de famille – que j’ai d’ailleurs avec moi ce soir et doit lui remettre – avant que Jean ne commence à travailler avec ce dernier. Nous l’avons laissé faire et n’avons reçu le texte qu’en toute fin de processus. Un texte qui n’a d’ailleurs subi que quelques corrections car, dans l’ensemble, tout nous semblait juste et très sincère.
Si Felice Mazzù poursuit sa carrière sur les chapeaux de roue comme il l’a commencée, nous pourrions évidemment envisager un tome 2, un tome 3, etc. comme le disait en boutade Pierre-Yves Hendrickx en prélude à cette présentation. Dans un premier temps, nous pensons toutefois plutôt partir dans un premier temps sur une édition néerlandaise de l’ouvrage car nous croyons qu’il y a là aussi un potentiel à exploiter. "