Il n’avait pas son pareil pour déstabiliser son opposant direct par une accélération foudroyante ou, sur un coup de coin – ou un coup de rein –, par un jaillissement au premier ou au deuxième poteau et une reprise de la tête dévastatrice.
Sur le flanc ou à la pointe de l’attaque, il était toujours suffisamment bien positionné pour éviter le piège du hors-jeu, donner un assist ou finaliser une reconversion offensive après avoir exploité une longue passe en profondeur. Que ce soit dans l’une ou l’autre situation, il avait d’énormes qualités pour déjouer les plans défensifs adverses les plus fûtés, sur une fraction de seconde…
Arrivé avant les trois coups de la saison 1991-1992, en provenance du RFC Liège, au même moment que Pär Zetterberg, Angelo Nijskens, Cedomir Janevski et Éric Van Meir, Nebojsa Malbasa – dont le raccourci Neba, beaucoup plus facile à retenir et à prononcer, sera rapidement et unanimement adopté au sein du club ainsi que par les supporters – aura surtout marqué les esprits carolos au cours des deux campagnes suivantes, sous la direction de l’inoubliable Robert Waseige.
En effet, durant ces deux années glorieuses qui virent les Zèbres en finale de Coupe de Belgique et se qualifier pour la Coupe de l’UEFA (l’ancêtre de l’Europa League), l’ex-sociétaire du Dinamo de Zagreb (de 1986 à 1987) et du NK Rijeka (de 1981 à 1986) réussit à empiler un brillant total de 40 buts pour terminer, deux fois consécutivement, dans les trois et cinq meilleurs buteurs du championnat.
Il faut croire que Neba attendait l’arrivée de son entraîneur fétiche au Mambourg pour revivre une seconde jeunesse – à 33 ans – et retrouver le chemin du but car si sa première année zébrée se clôtura seulement sur deux réalisations (à domicile face à Waregem, défaite sur le score de 1-2, lors de la 3ème journée, il aura dû attendre… la 30ème, toujours au Mambourg, pour être l’un des artisans de la victoire la plus plantureuse par 4 buts à 0 au détriment d’Alost, futur descendant), l’attaquant apparut dans 26 matches sur 34, reçut deux cartons jaunes (au cours de sa première titularisation, lors du match d’ouverture face à Ekeren, victoire 3-1, et au Lierse, lors de la 31ème journée, défaite 3-0) et fut exclu à Genk à la 27’ (défaite 3-0, la seule carte rouge qui lui fut administrée sur 10 ans de carrière en Belgique).
Sous la férule du Mage de Rocourt – qui deviendra également celui du Mambourg –, Neba inscrivit 22 buts pendant la première saison du coach liégeois, dont deux hat tricks (à l’extérieur, à l’Antwerp, défaite 5-3 alors que le marquoir indiquait 1-2 à la pause, et au Cercle de Bruges, victoire 1-4, où il marqua deux fois en l’espace de 8 minutes) et 6 sur des coups de réparation accordés contre La Gantoise (en match d’ouverture), au RWDM, face au Lierse et trois fois consécutivement, lors des trois dernières journées, contre Waregem, à Genk et lors de la réception d’Anderlecht, trois matches qui se soldèrent par autant de succès.
Durant la seconde année du règne du coach au cigare légendaire, le natif de Belgrade déflora la marque à 18 reprises dont, à nouveau, deux hat tricks face aux Buffalos (il fit 2-0 à la 16’, 3-1 à la 70’ et 4-2, score final, à la 81’) et sur la pelouse de Genk – ou, plutôt, Waterschei – victoire 0-4, où il trompa deux fois la vigilance de Ronny Gaspercic en moins de temps qu’il ne fallut pour l’écrire, aux 89ème et 90ème, sous le regard médusé d’un Luka Peruzovic résigné… Au terme de ce match, Robert Waseige avait dit : "Nebosja mérite l’Oscar de la rencontre. Ce qu’il réalise, à son âge, depuis le début de la saison est prodigieux." Son rendement sur penalty était toujours aussi efficace puisqu’il se montra convaincant aussi bien à domicile contre Lommel, Gand et le Cercle qu’à l’extérieur, à Waregem. Enfin, il fut averti cinq fois contre quatre fois, la saison précédente.
Assez curieusement, Neba perdit toutes ses sensations avec l’arrivée de Georges Leekens et l’intronisation d’un nouveau système de jeu. Il ne fut aligné que 20 fois dans le onze de départ, subit 7 remplacements (aux profits de Balog, Arnold, à deux reprises, Remy, Achaempong, Moury et Toni Brogno) et monta au jeu contre le Cercle à Malines, lors des 8ème et 18ème journées, pour suppléer respectivement Brogno et Bukran. L’arbitre lui fit voir jaune à quatre reprises et lui vit le moment de quitter un Pays Noir qu’il avait appris à aimer pour rejoindre, une ultime fois, Robert Waseige à Sclessin dans un rôle de joker de luxe.
Neba revint toutefois à Charleroi l’année suivante, en 96-97, mais cette fois-ci chez le voisin olympien (qu’il entraîna d’ailleurs de 1998 à 2000), lequel fêtait son retour dans l’antichambre de l’élite – après 18 ans d’absence – avec André Colasse à la tête de l’équipe.
Revenu dans la Cité Ardente en plusieurs étapes en tant qu’entraîneur adjoint, Neba n’a jamais renié ses attaches pour le matricule 4 où il devrait, cette année, rempiler pour une nouvelle saison afin de coacher les attaquants et les U17.
Mais si vous avez le bonheur de le rencontrer et que vous lui parlez de son passage au Sporting, il vous gratifiera de son plus beau sourire, son regard ému porté vers le Ciel…