En enrôlant, à l’aube de la saison 1989-1990, Rodion Camataru – qui avait été élu "Ballon d’Or" 1987 mais qui, malheureusement, ne répondra pas aux nombreux espoirs placés en lui –, Christophe Dessy, Rudy Moury, Léo Van Der Elst et l’international hongrois Imre Garaba – alors que l’on salue le second retour de Pierre Essers au Mambourg après un exode d’un an, en Allemagne, au FC 08 Homburg –, les Zèbres espèrent vivre un meilleur championnat que l’édition précédente au terme de laquelle ils avaient fini à une anecdotique 11ème position avec, seulement, six victoires en 34 rencontres dont 17 partages !
Arrivé en provenance de Rennes où il disputa 77 matches et inscrivit 8 buts alors que la formation bretonne évoluait en Championnat de France de D2, Imre Garaba endosse, à l’âge de 31 ans, le maillot zébré au sein d’un noyau drillé par Eric Van Lessen. Ce dernier connaît bien la maison puisqu’il porta les couleurs du Sporting durant deux saisons (de 1977 à 1979) avant de le diriger en tant que joueur/entraîneur en D2 pendant l’exercice 1983/1984 (www.sporting-charleroi.be/actualite-detail.php).
C’est lors de ses prestations sous les couleurs du Dunakanyar-Vác qu’Imre vient à taper dans l’œil des recruteurs du Budapest Honvéd FC qui le font signer avant les trois coups de la saison 1979-80, laquelle couronnera d’ailleurs les "Mighty Magyars", comme on les surnomme, eux qui n’avaient plus goûté au titre suprême depuis… 25 ans !
Pendant ce championnat d’un bonheur retrouvé, Imre Garaba et ses coéquipiers gardent leur défense impénétrable à raison de plus de 38 % du total de temps de jeu ! Cette solidité et la rigueur tactique dont ils firent preuve tout au long de la saison seront deux paramètres fondamentaux dans la conquête des lauriers. Une récompense qu’ils ne tarderont plus, cette fois-ci, à retrouver puisqu’ils conquerront trois autres titres consécutifs, de 1984 à 1986, en plus d’une victoire en Coupe en 1985.
Précédé d’une très belle réputation avec 224 matches et 13 réalisations pour le compte du Honvéd ainsi que de deux participations aux phases finales des Coupes du Monde 1982 et 1986 sous le drapeau de l’équipe nationale, Garaba choisit donc le Stade Rennais, tout fraîchement relégué en D2, comme nouveau terrain d’asile où il s’installe en défense centrale aux côtés du Réunionnais Thierry Robert et de l’inamovible François Denis.
Soucieux de vouloir à nouveau jouer au plus haut niveau dans une compétition étrangère avant un retour au pays, Imre Garaba décide de tenter sa chance en Belgique et, plus particulièrement, au Sporting de Charleroi où son parcours sera émaillé de fortunes diverses.
Faisant partie du onze appelé à débuter le championnat 1989-90 à domicile, le 16 août, face au RC Malines, Imre Garaba perd malheureusement assez vite du crédit aux yeux de son coach et après un match plein à La Gantoise, il est prié de s’asseoir sur un banc qu’il ne quittera épisodiquement qu’à la faveur d’une montée au jeu à la 75ème minute du match du 30 août contre Lokeren, en remplacement d’Atabey Aktepe.
Toutefois, revanchard dans son for intérieur, le Hongrois fait le maximum pour revenir et puise dans ses ultimes réserves afin de recouvrer une condition optimale et récupérer sa place de titulaire. Le 21 octobre 1989, il acte son retour sur la pelouse de Beveren lorsqu’il monte au jeu au retour des vestiaires, au détriment de Christian Vavadio.
Bloqué à une peu envieuse 15ème position avec 7 maigres unités à son actif après 10 matches, Éric Van Lessen se voit contraint de céder le relais à Georges Heylens pour une rencontre cruciale que les Zèbres doivent livrer (et qu’ils remporteront sur le score de 4 à 0), dans leur Mambourg fétiche, face au Beerschot. À l’exception d’une sortie à la 53’, justement contre les Anversois, au profit de Léo Van Der Elst, Imre Garaba ne quittera plus son poste jusqu’à son exclusion de la pelouse de Lokeren, le 4 février 1990, alors que le marquoir indiquait la 70ème minute de jeu.
S’il se voit encore exhiber le carton rouge, cette fois-ci, sur la pelouse du Kiel, le 31 mars, Imre Garaba vivra une fin de championnat très difficile – que les Zèbres termineront en eau de boudin avec cinq défaites d’affilée –, devant faire l’impasse sur trois matches (face à Waregem, à Courtrai et à l’Antwerp) avant d’être à nouveau convié à disputer les 90 dernières minutes de jeu de la compétition face au FC Malines.
La seconde saison de Garaba chez les Zèbres sera nettement meilleure puisque les Carolos la clôtureront 6 rangs plus haut, à la 8ème place, avec 6 points de plus que lors de l’exercice précédent (33/27).
Au cours de cette deuxième année, le Hongrois récoltera 3 cartes jaunes, se verra remplacé deux fois (par Christophe Dessy et Olivier Suray) et… marquera malencontreusement un but contre son camp lors du déplacement du 20 avril 1991 au SK Lierse.
La troisième année de l’international magyar ne se déroulera toutefois pas sous les meilleurs auspices – c’est le moins que l’on puisse écrire puisqu’il fera en tout et pour tout trois apparitions en championnat (au Standard, face à Gand et à Bruges, où il rentre à la 67’ pour suppléer Roch Gérard et ainsi fouler une pelouse une dernière fois sous la vareuse noire et blanche) –, les Zèbres n’assurant leur maintien qu’au terme de la 33ème journée après leur victoire conquise à Rocourt (0-1) face au FC Liège de Robert Waseige.
Imre Garaba raccrochera les crampons après une ultime pige au BVSC Budapest (21 matches pour 2 buts). Ensuite, il coachera de 1993 à 1996 avant de se lancer dans la politique. Si le temps a fait son œuvre et que d’autres nombreux joueurs ont défilé depuis qu’il a quitté le Mambourg, un joueur d’une telle classe – mondiale – et d’une correction exemplaire ne s’oublie pas et mérite sans discussion la place qu’il lui revient dans le panthéon du Sporting de Charleroi pour avoir contribué à 55 reprises à son Histoire…