Ne balance pas ta balance !

6 juillet 2017

 

 

Véronique Liesse, nutritionniste au Sporting de Charleroi.

" J’exerce mon métier de nutritionniste au Sporting de Charleroi depuis mars 2016. Le staff et la direction ont eu probablement une prise de conscience de l’importance de l’alimentation sur les performances sportives aussi bien physiquement, mentalement et techniquement. On sait que l’alimentation va impacter la capacité de réaction, l’irritabilité ou l’impulsivité du joueur. Son alimentation va aussi jouer un rôle à ce stade-là. 

Ma présence n’est pas quotidienne auprès des joueurs, mais les contacts sont quasi permanents. Je rencontre les joueurs en individuel, quatre fois sur l’année sur base d’un bilan sanguin, on évalue quels sont les déficits qu’il présente et on adapte leur programme et les conseils alimentaires que je peux leur donner. À côté de cela, il y a un contact permanent par WhatsApp avec eux. Ils peuvent poser toutes les questions qu’ils désirent. Des mails sont envoyés. Il y a donc des contacts réguliers et je suis à leur disposition s’ils ont des questions ou s’ils ont besoin de quoi que ce soit. Certains cuisinent et me demandent parfois des recettes. Les contacts sont donc fréquents, mais je n’ai pas de permanence au stade.

J’ai des contacts fréquents avec le staff et évidemment le docteur Borlée puisqu’il rencontre les joueurs de façon quotidienne. Au moindre souci, il m’appelle et nous débattons de la situation. Si un joueur présente un trouble apparent dans sa prise de sang ou s’il a des blessures récurrentes, car on sait que l’alimentation a un impact important sur l’inflammation dans le corps. Le protocole est établi par Frédéric et je viens compléter par des conseils nutritionnels.

Nous n’imposons pas de régime alimentaire, mais conseillons et suggérons. Je travaille beaucoup aussi avec le chef cuistot. Chaque semaine, je vérifie les menus qui doivent respecter les données et les critères nutritionnels. Au niveau gustatif, le chef cuistot est compétent et les joueurs apprécient beaucoup son travail. Cette double composante : le plaisir du goût et la qualité de l’alimentation est très importante. C’est un véritable challenge de lier tout cela. Les plats sont très appréciés, mais sont toujours validés au niveau nutritionnel. Il utilise les bonnes huiles et épices, il mettra le poisson en avant plutôt qu’un excès de viandes rouges. Notre collaboration est très bonne. Les menus sont donc, imposés aux joueurs, mais un choix est toujours proposé : du poisson, de la volaille, de la viande, etc. On voit beaucoup de choses dans les prises de sang… Les joueurs sont professionnels, ils savent qu’ils ont intérêt à suivre les conseils, à prendre les compléments alimentaires qui sont suggérés.

Nos joueurs s’auto-régulent quand même pas mal par rapport aux excès alimentaires puisque le grand verdict, c’est la balance. Pour information, il n’y a quasi-personne qui est rentrée de vacances avec un excès pondéral, ce qui n’était pas le cas les autres années. Une prise de conscience s’est donc installée. Nous n’avons pas connu cette année, de joueurs qui présentaient 3 ou 4 kilos de trop. Ils savent qu’ils sont suivis, pesés et font donc très attention. Mon boulot est aussi de rectifier les déficits en minéraux, en vitamines, en anti-oxydants, des choses qui peuvent se produire même en s’alimentant correctement. Ils ont des besoins augmentés par rapport à une personne qui n’a pas le niveau d’entraînement comme le leur. Leurs besoins sont accentués, il est logique que des rectifications doivent être appliquées.

Tout ce qu’ils ne peuvent avoir en suffisance via leur assiette, est compensé. La base est l’alimentation. On ne pourra jamais remplacer l’alimentation par des compléments. L’assiette prime, les compléments sont là, comme le nom l’indique, pour compléter.

Ma présence sur les lieux du stage est issue d’une volonté commune. C’est un moment propice pour être en contact avec les joueurs, cela me permet de voir leur quotidien, d’observer qui mange quoi, qui prend (ou pas) sa boisson de récupération et puis, c’est une façon aussi, d’avoir un bon contact avec eux. Cela renforce les liens et c’est une manière aussi de tirer un bilan avant le début de la saison. "