L’interview rétro : Madjid Oulmers

26 juin 2023 #oulmers#rétro
– Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous vous présenter brièvement et retracer votre parcours ?

Je suis né au Maroc le 12 septembre. Je suis arrivé de suite en France. J’ai fait mes classes à Sochaux, ensuite à Besançon en CFA2. Mon premier match en CFA était contre la réserve de Lens. J’ai été repéré par un recruteur. Au retour contre eux, on gagne, je marque. Fin mars, Lens et moi nous nous contactons. En mai, je vais chez eux en train, un long voyage. Je joue un match contre Avion. Je marque 4 buts. J’ai signé 1 an en tant qu’amateur et ensuite, j’ai signé pro.

J’ai été prêté en D2 à Wasquehal, j’ai été sélectionné pour les JO avec le Maroc, à Sidney. J’ai rencontré Pirlo, Xavi, Puyol, Zamorano. C’est une très bonne expérience. A mon retour à Lens, le coach Joel Muller ne compte pas sur moi. Je repars à Wasquehal, ça se passe bien. Ensuite, je reviens à Lens. Il y avait Keita, Song, Corridon. Je joue lors de la préparation, puis dans la réserve et je mets 11 buts en 4 matchs, mais je n’ai jamais eu le droit d’être sur le banc.

En Février je pars à Amiens 6 mois, car le coach de Lens ne compte pas sur moi. Ensuite, je suis arrivé à Charleroi, l’accueil fut excellent, Brogno, Karama, Mehdi. Malheureusement, j’ai eu une petite gêne et finalement, je me suis blessé assez longtemps dès le début de la saison. J’ai vu un professeur à Saint-Raphaël qui m’a soigné. Je suis ensuite vite revenu. J’ai fini la saison avec Robert Waseige et ensuite Jacky Matijssen.

En 2004 je commence par 4 matchs et 4 buts. Ensuite j’ai connu une grave blessure avec la sélection, une rupture des ligaments. J’ai pu reprendre fin Juin. Cela a fait une véritable affaire avec la FIFA. J’ai été pénalisé en équipe nationale. Je n’ai jamais plus été repris. Le club à attaqué la FIFA, Lyon, Milan, le Real, ont également attaqué la FIFA, pour avoir des indemnités pour les joueurs blessés en équipe nationale. Charleroi fut finalement indemnisé.

Il fallait être fort mentalement pour revenir, ça a pris une saison pour retrouver mon niveau. Je me suis entraîné terriblement pour pouvoir revenir.

2006-2007-2008, ce sont mes meilleures saisons au Sporting.

 

– Si vous deviez résumer le Sporting Charleroi en quelques mots ?

C’est surtout la famille, ambiance familiale.

 

– Quel genre de joueur étiez-vous ?

Calme dans la vie, mais un autre homme sur le terrain. Je n’aime pas perdre. Il faut se battre. J’étais également assez technique, sur le flanc gauche. J’ai du développer ma musculature en Belgique.

J’ai même joué back gauche à un moment. Matijssen m’a fait jouer là pour dépanner. Pour l’équipe, je l’ai fait et ce fut une véritable réussite. A un moment, je lui ai demandé si je pouvais reprendre mon poste de prédilection et il m’a dit « Majid, tu n’y penses pas, ça fait 17 matchs que l’on ne perd plus ».

 

– Durant votre carrière, y a-t-il des joueurs et des entraîneurs qui vous ont marqué (équipiers et adversaires) ?

Au niveau des entraineurs, il y a eu Jacky Matijssen et Dominique Bijotat.

Chez les joueurs,  Zamorano, et Antoine Sibierski de Lens.

 

– Aviez-vous une idole de jeunesse ?

Maradona, c’était mon joueur préféré.

 

– Vous souvenez-vous de vos débuts au Sporting ?

Au début oui, je suis arrivé blessé, ce ne fut pas évident. Mon meilleur début ce fut en 2004. Mon premier but à Mons. J’étais leur bête noir, j’ai marqué beaucoup de buts contre eux, que ce soit chez eux ou à domicile.

 

– Quel est votre meilleur et votre plus mauvais souvenir ?

Le meilleur c’est évidemment d’avoir signé pro ainsi que les Jeux Olympiques de 2000.

Le pire, très logiquement, c’est le 17 novembre 2004. La blessure et le début de « L’affaire Oulmers ». 

 

– Avez-vous des regrets sur votre carrière ?

Non, aucun. Il ne faut jamais avoir de regrets, mon objectif était d’être pro. Quand j’étais au Collège, on nous a mis 3 fiches à remplir où tu mets 3 métiers que tu souhaites faire. J’ai mis 3 fois footballeur pro. La prof me disait que ce n’était pas possible que je devais avoir d’autres ambitions. Des années plus tard, elle a eu ma sœur comme élève et, incroyable mais vrai, elle avait gardé ma fiche. Elle a dit à ma sœur qu’elle était contente et fière de moi.

 

– Avez-vous gardé des contacts avec d’autres joueurs ou entraîneurs ?

Oui bien sûr, Fabian, Greg, Badou, Franck, Seb. D’autres joueurs à Lens.

 

– Le Sporting a toujours eu des supporters chaleureux, quels étaient vos rapports avec eux ?

Très bon mais il y a eu une petite période où j’ai eu une altercation, mais ça arrive. Mais en général de très bons rapports.

 

– Comment voyez-vous l’évolution du football, en général, et de Charleroi, en particulier ?

Les datas, je veux bien, c’est important. La vidéo ça doit être utile mais globalement il faut respecter son projet de jeu. Il faut être bon, ce ne sont pas les chiffres qui font le joueur. Il y a l’humain qui est bien plus important que les statistiques. Et il ne faut pas toujours juger un joueur personnellement, il y a aussi les consignes du coach. Parfois, on dit «  tel joueur ne monte pas, ça ne va pas ! » Mais c’est justement peut être bien une consigne de l’entraineur.

Le Sporting évolue très bien,. Je n’ai pas reconnu la Zebra Belfius Académy quand je suis revenu. Il y a énormément de changements. Les jeunes ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont quand on voit ce qu’ils possèdent par rapport à ce que nous avons connus à l’époque. Nous, on venait en voiture ici. Désormais, ils viennent en bus.

 

– Que manquait-il au Sporting de votre époque ?

Les infrastructures. Mais l’ambiance au Stade était meilleure avant…

 

– Suivez-vous l’actualité de Charleroi et si oui, quels joueurs vous plaisent ?

Adem Zorganeet Marco me plaisent beaucoup, tout comme Mehdi Boukamir. Ils jouent à mes postes.

 

– Un mot sur la saison du Sporting ?

Mitigé. Il y a eu un petit manque de chance sur la fin de saison. Dommage, ce dernier match face à Genk.

Le match face à Malines, tu ne le perds pas dans le jeu. Ce qui est arrivé est inutile. Si on perd à la régulière, à la limite, mais là, non. Il faut pouvoir responsabiliser les supporters, il doit y avoir des cadres. Pour pouvoir accompagner, éduquer.

 

– Quels sont vos hobbys, vos passions ?

Je fais beaucoup de piscine. Je donne aussi du spécifique aux entrainements.

 

 – Aujourd’hui, que devenez-vous ?

J’entraine actuellement les U15 du Sporting.

 

 – Quel est ton style de jeu ?

Un jeu simple, repartir en 1 ou 2 touches de balle et arriver très vite en zone médiane, avec de la créativité et vite finir en attaque.

A l’heure actuelle, on joue trop à faire comme le Barça, on ne frappe pas assez au but. L’apprentissage de la tactique, ça commence autour dès U13 voire U14.

Ici, au Sporting, on a quelques jeunes qui ont du potentiel, vraiment. Mais ce n’est pas évident de les garder car de gros clubs viennent et leur font miroiter de grandes choses, ainsi qu’aux parents. Et pourtant, à la fin, les gamins se perdent et on ne les voit plus.