Bienvenue chez toi, Daniel Mathy (3ème partie)

20 avril 2011

Après votre carrière de joueur, vous restez au Sporting comme entraîneur des jeunes gardiens, vous en avez révélé beaucoup dans notre Ecole des Jeunes : J. Bourdon, J. De Vriendt, M. Cordier, C. Konstantinidis, etc …

-« Dans cette liste, on a failli ajouter Silvio Proto.

Je l’avais amené sur un plateau d’argent.

A l’époque, il était en scolaire à La Louvière et habitant Châtelet, il avait quelques frais de déplacement.

Je le fais venir à Marcinelle pour un test et après un quart d’heure, le directeur technique, Nico Silvagni, et moi avions compris.

Je vois son papa, qui était aussi son manager à l’époque, je lui dis qu’il n’y a pas de problème, techniquement pour moi, c’est réglé.

Mais, à la sortie du bureau, son papa m’annonce que l’affaire a capoté, une affaire de pognon, le Sporting ne voulait pas prendre en charge ces fameux frais de déplacement, à peu près l’équivalent de 500 €.

Vous imaginez, j’aurais pu avoir Cordier et Proto en scolaire. »

Vous aviez également placé beaucoup d’espoirs en Salvatore Crimi ?

– « Oui, il est parti très tôt à Lille où il est toujours.

Il n’a que dix-huit ans et il lui faut le temps pour qu’il prenne ses marques.

Je continue à suivre les jeunes que j’ai entraînés, certains percent, d’autres pas, il faut de la chance, de la réussite, être accepté et surtout prouver.

Parmi les gardiens de l’équipe première que j’ai entraînés, certains étaient adulés par les supporters comme Bertrand Laquait.

Par contre, il y en a d’autres avec qui ça c’est moins bien passé comme Patrice Luzzi.

Et pourtant, il a fait des gros matches avec le Sporting, notamment à Genk, mais Pat avait son caractère, c’était un Corse.

Il avait eu des problèmes avec nos supporters lorsqu’il jouait encore pour Mouscron, ils ne lui ont jamais pardonné et en plus, il devait succéder à Bertrand, un monument du Sporting.

Je trouve que Rudy Riou est très bien.

Il ose plus que Bertrand, il a de la personnalité car il a déjà le brassard de capitaine mais Laquait, c’est Laquait, un super gardien qui fait les beaux jours de son club en France. »

Etre élu Gardien du Siècle du Sporting était une surprise pour vous ?

Vous auriez voté pour quelqu’un d’autre ?

– « Non, j’aurais voté pour moi !

J’ai joué beaucoup de matchs avec le Sporting, plus que certains qui étaient peut-être plus forts que moi et, en plus, je fais partie de la maison.

Cela s’est joué de très peu avec Tosini. »

A votre avis, qui est le meilleur gardien actuel du championnat belge ?

– « J’aime bien Jorgacevic et comme belge, je citerai Silvio Proto qui a fait d’énormes progrès sur deux ans grâce, notamment, à son passage au GBA.

Le meilleur gardien belge de tous les temps ?

Je place Jean Nicolay juste devant Christian Piot.

Nicolay a montré la voie à beaucoup de gardiens, il a innové dans la façon de sortir dans les pieds.

Mais le meilleur du monde, cela reste Lev Yachine, surnommé la panthère noire, à qui j’ai eu la chance de serrer la main.

C’était lors d’un déplacement en Coupe d’Europe avec le Standard, il était directeur technique du Dynamo Moscou.

C’est un mec qui m’avait impressionné, il est mondialement connu, c’est une icône, tout comme Pelé. »

Parlons un peu de nos adversaires de ce soir, les liégeois du Standard.

Vous êtes un carolo de pure souche mais c’est à Liège que vous avez gagné des titres, comprenez-vous la rivalité qui existe entre les deux clubs phares de Wallonie ?

– « J’ai eu la chance de connaître le Standard de la grande époque.

Nous refusions du monde quand nous jouions contre l’AC Milan ou le Réal Madrid.

Ce sont des gens qui ont été drillés dans l’esprit Coupe d’Europe.

Comme à Anderlecht ou Bruges, les dirigeants, les joueurs et même les supporters cultivent un esprit de gagnant !

Ils ne jouent pas pour être 5ème, seule la première place est belle pour ces équipes-là.

Leurs palmarès en sont la preuve, mais du coup les mentalités sont différentes.

Quand nous jouions contre Charleroi, il n’y avait pas vraiment de rivalité ou de jalousie, l’esprit wallon prévalait. »

Et puis, en 1971, il y eut l’affaire Petrovic.

A l’époque, les clubs ne pouvaient aligner que trois joueurs étrangers.

Le Standard jouait au Bosuil face à l’Antwerp, l’entraîneur René Hauss fait monter au jeu Miodrag Petrovic et aligne, ainsi, un quatrième étranger avec TaKac, Cvetler et Kostedde.

Les anversois récupèrent, sur le tapis vert, les deux points qu’ils avaient perdus sur le terrain (0-2).

Ces deux points ?offerts? par les liégeois permettent à l’Antwerp de dépasser le Sporting et plonge Charleroi en division deux.

Vous jouiez encore pour les ?rouches?, en tant que carolo comment avez-vous vécu cet épisode qui marque le début des hostilités entre les deux clubs phares de Wallonie ?

– « J’ai vécu cela très mal !

C’était une grosse erreur de coaching. »

À suivre …