Tu faisais parler la poudre tel un boulet de canon…

22 octobre 2020

Tu ne pouvais plus attendre. La tentation était trop grande de les retrouver, de les voir, de leur parler. T’entendre dire que tu leur manquais. Claude, Bobby et Georget sont maintenant rassurés et heureux… Tu les as rejoints. Le Club des 4 "B" est au complet.

Vous allez pouvoir vous défouler, à vous raconter vos "couyonades" (plaisanteries, en wallon), vos sorties après les matches jusqu’aux petites heures de l’aube mais aussi vos exploits, vos buts, vos rires, vos larmes et vos joies.

Tu appartenais à la génération dorée du Sporting de Charleroi, à la brillantissime cuvée 68/69 qui réunissait Tosini, Sumera, Collard, Spaute, Spronck, Termolle, Colasse, Delchambre, Van Laecke, Huttmacher, Bertoncello, Bissot mais aussi Majchrowski, Sacré et Mauléon sous la houlette de l’entraîneur tchèque Jiri Sobotka.

Une année fantastique et exceptionnelle pour des joueurs d’exception, couronnés par un titre de vice-champion de Belgique, qui échouèrent à cinq points du Standard de Liège. Après avoir caracolé en tête de la 4ème à la 11ème journée, les Carolos redescendirent pourtant jusqu’à la 4ème place au soir de la 17ème journée, à quatre unités des troupes du français René Hauss.

Les Zèbres comptèrent même jusqu’à huit points de retard pour ensuite réussir à accrocher un second accessit qu’ils allèrent défendre au mordant, jusqu’au terme de la compétition.

Plus de 50 ans ont passé et on n’a rien oublié des onze buts que tu empilas, ajoutés aux quatorze que ton copain Claude déposa dans les filets adverses avec la même maestria, le même panache, la même fougue. Des buts que l’on dégustait les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte comme si on allait goûter à la saveur d’un fruit ou à l’onctuosité d’un dessert… Cette année-là, Claude et toi aviez marqué plus de la moitié du total des buts inscrits (42) par vos coéquipiers.

Au classement des artificiers, tu flirtais avec Jan Mulder (Anderlecht), Erwin Kostedde (Standard), Frans Janssens (Lierse) et Hugo De Raeymaeker (Beveren), rien que du bon monde… Encore des joueurs d’exception.

Tu avais la régularité d’un métronome. 38 buts en 90 matches de D1 qu’on t’a offerts ou que tu es allé chercher, au duel, tel un baroudeur. Des buts que tu confectionnais, enrobais ou enjolivais d’une reprise instantanée, d’un geste inné. Tu faisais parler la poudre tel un boulet de canon.

Jean Boulet, c’était, non seulement un spectacle à lui seul, mais aussi et surtout le reflet d’une douce époque où l’on aimait encore les dimanches, où l’on se dépêchait après dîner pour rejoindre les travées du Mambourg, descendre quelques pintes et crier à en cracher ses poumons pour porter ses couleurs vers la victoire…

L’ensemble du Sporting de Charleroi adresse ses plus sincères condoléances à la famille de Jean et a, notamment, une pensée émue pour son fils Didier qui porta également la vareuse zébrée de 1985 à 1987.

Doté de grandes capacités physiques, Jean Boulet alliait la puissance à la technique et était une terreur pour toutes les défenses du Royaume…