Bonjour Karim ! Nous sommes très heureux de t’entendre !
La première question qui s’impose tout naturellement : comment vas-tu ? Toi et la famille vous portez-vous bien ?
"Oui, merci, tout va bien ! Et vous ?"
Très bien, merci, cela nous fait très chaud au cœur de t’avoir au bout du fil et encore merci de ta disponibilité à nous accorder cet entretien exclusif…
"Tout le plaisir est pour moi… On peut commencer !"
Tout d’abord, comment t’y es-tu pris pour meubler le temps et maintenir ta condition physique durant le confinement ?
"En premier lieu, j’ai pris un peu de repos. J’en ai profité pour courir et j’ai fait en sorte, effectivement, de travailler ma condition afin d’être le mieux en forme possible ! Après, j’ai regardé des images de plusieurs matches en tâchant d’y dégager les enseignements qui nous permettraient de progresser. Avec mes adjoints et Damien (Januel, notre analyste vidéo, ndlr), nous avons disséqué des phases de jeu qui ont bien fonctionné et d’autres que l’on peut toujours améliorer. En fait, cela nous a donné l’occasion de faire un retour sur l’ensemble de notre saison."
Comment s’est passé le dialogue avec les joueurs et comment leur travail s’est-il organisé sur le plan physique ?
"Il a fallu soigner la communication afin qu’ils puissent, de la meilleure façon, prendre connaissance de leur programme. À raison de trois fois par semaine, nous avons mis en place plusieurs séances vidéo collectives afin que les joueurs puissent s’entraîner ensemble selon un programme quotidien bien défini. Le but principal était qu’ils le suivent scrupuleusement et on peut dire qu’ils l’ont bien fait.
J’ai eu plusieurs d’entre eux au téléphone pour discuter de leur travail et répondre à certaines questions qu’ils pouvaient se poser sur la manière de l’adapter. Mais on a parlé aussi d’autres choses de la vie courante. Dans des moments comme ceux que l’on a vécus récemment, il est important d’échanger et d’avoir une écoute attentive à leurs besoins. On s’est efforcé d’être en contact ensemble, le plus souvent possible car on a pu remarquer que la vie de groupe leur manquait."
Donc, à priori, il n’y aura pas trop de retard à combler au niveau de leurs capacités physiques lors de la reprise des entraînements ?
"On ne peut le savoir à l’avance. Personne ne peut avoir cette certitude. En tout cas, tout le monde, joueurs et staff avons essayé de faire pour un mieux. Nous avons vraiment connu une situation inédite, que personne n’avait jamais pu vivre auparavant que ce soit en Belgique ou ailleurs. À l’exception d’un joueur blessé (Massimo Bruno, ndlr), c’est tout un noyau qui aura été à l’arrêt durant quasi quatre mois. Comme nous, tous les autres clubs ont dû s’adapter et prendre les dispositions adéquates afin de revenir dans les meilleures conditions, le plus vite possible. Le seul point positif, si on peut dire, c’est que tout le monde aura été sur un même pied d’égalité…"
Le fait d’arrêter le championnat à la 29e journée était-ce la meilleure solution ?
"C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. En ma qualité d’éducateur et d’entraîneur, mon rôle est de coacher un groupe et de préparer des matches. Des instances dirigeantes ont jugé utile d’arrêter la compétition à la 29ème journée… À ce moment-là, il n’était plus question de football mais de santé publique. Et si ces mêmes instances ont pris cette décision, c’est qu’elles en avaient les bonnes raisons. Il n’y a pas plus important que la santé. Maintenant, si on veut aller plus loin, il est évident que j’aurais aimé que la saison s’achève au moins au terme de la phase classique. On sait ce qu’il en est advenu et dans une situation pareille, joueurs comme entraîneurs se doivent de s’incliner."
As-tu déjà une idée de la façon dont cela va se dérouler lorsque la reprise des entraînements s’effectuera et comment vous allez pouvoir vous organiser durant les séances ?
"Oui, on a déjà réfléchi à une méthode de préparation qui sera, forcément, différente. Des scénarios à plusieurs variantes ont déjà été étudiés. Il ne faut pas oublier que les joueurs n’auront pas touché de ballon durant des mois. Et puis, il y aura la question de savoir si on pourra organiser des matches amicaux, si on pourra partir à l’étranger et si des équipes étrangères pourront venir nous rencontrer… Tout cela sera débattu en temps opportun. Selon l’évolution des mesures, on s’adaptera."
Attends-tu la finale de la Coupe de Belgique entre le FC Bruges et l’Antwerp avec une certaine impatience quand on sait que son résultat aura une influence sur l’avenir du Sporting en Europa League ?
"On verra bien… De toute façon, on est en Europa League. Mais si on en est arrivé là, c’est grâce au travail de tout un chacun, au sein du Club. Je tiens vraiment à féliciter tout ce groupe et par groupe, j’entends bien sûr les joueurs et le staff mais aussi le personnel de bureau, les personnes qui préparent les repas, nous suivent et nous accompagnent comme vous, par exemple, les membres de la Webteam, dans un esprit qui aura toujours été positif même lorsque nous étions dans une phase de construction. Je n’oublie pas non plus les journalistes qui ont toujours su développer des relations saines avec les joueurs et nous afin qu’ils puissent réaliser leur travail comme ils l’entendaient."
On imagine que tu dégages une certaine fierté d’avoir conduit Charleroi – pour ta première année – à une brillante 3ème place et qu’espères-tu de cette future campagne européenne ?
"Je voudrais d’abord souligner le fait que j’ai été très heureux d’avoir vécu cette saison, ma première en tant qu’entraîneur du Sporting de Charleroi et d’avoir pu la partager avec toutes les composantes du Club. Tout le monde doit être conscient que l’on a effectué une bonne saison et que nous avons, nous tous, mérité cette 3ème place et cette qualification en Coupe d’Europe. Mais on doit encore travailler plus dur, continuer à essayer de grandir ensemble tout en étant volontaires et solidaires afin de réussir à atteindre nos objectifs. L’Europa League est un palier dans cette évolution qu’il ne faut pas appréhender. Nous devons rester nous-mêmes avec nos valeurs et nous devrons aborder chaque match sans complexe en jouant notre football et en faisant ce que nous aimons faire, c’est-à-dire, mouiller son maillot, se battre pour ses couleurs, pour sa ville."
Avant de terminer, quel message voudrais-tu faire passer auprès de nos fidèles supporters qui n’ont pas hésité, déjà, à s’abonner pour acter leur retour au Stade dès que possible ?
"Je suis arrivé au Sporting de Charleroi dans le contexte que tout le monde connaît. J’ai été très bien accueilli par tout le monde, dans ce Club, ainsi que par ses supporters que je remercie particulièrement pour avoir soutenu ainsi leur équipe durant toute la saison. Ils nous ont toujours poussés dans les bons et moins bons moments. Si j’avais un souhait à leur formuler, c’est celui qu’il continue à nous transcender, même dans les matches un peu plus difficiles. Il n’y a rien de plus excitant pour un joueur que de sentir son public derrière lui, quel que soit le cours des événements.
Si on a pu réaliser une fantastique série de 13 matches sans défaite avec des prestations de qualité à domicile, ce n’est pas dû au hasard. C’est grâce à eux si nous y sommes parvenus. Ils nous ont aidés à nous surpasser et je les en remercie chaleureusement.
La période actuelle que nous vivons est très difficile pour nos supporters car ils vivent du football, à Charleroi, et ils aiment leur équipe. Nous, nous avons la chance d’être sur le terrain. Nous avons été privés d’eux comme ils ont été privés de leurs joueurs. On sera tous très contents de se retrouver pour gagner des matches et vivre encore de très bons moments ensemble !"