« Si je n’avais pas été prêté à Charleroi par Anderlecht, je ne sais pas où j’en serais aujourd’hui. C’est au Mambourg qu’on a découvert Pär Zetterberg car c’est là que j’ai pu vraiment me montrer à l’échelon de la D1 ».
Ces paroles, elles sont prononcées début mars 2004 par le plus célèbre des footballeurs suédois ayant évolué dans le Championnat de Belgique, en préface au match entre les deux Sporting, un joueur dont le charisme, la gentillesse et le génie sont restés dans la mémoire des supporters carolos.
Flash-back. En 1990, Pär apprend qu’il souffre de diabète. Il raconte : « Au bout de quelques minutes de course, j’étais épuisé. Je n’arrêtais pas de boire, parfois jusqu’à sept litres par jour. Je mangeais également beaucoup tandis que je ne cessais de perdre du poids. J’avais l’impression que mes fonctions visuelles s’altéraient. Une prise de sang révéla que mon taux de sucre était quatre fois supérieur à la normale… J’étais diabétique ! Je me suis rapidement aperçu que je ne m’en sortirais qu’à la condition de pratiquer une hygiène de vie stricte, en me faisant moi-même mes piqûres d’insuline. »
Écarté par Aad de Mos et blessé par ses propos, Pär ne se laisse pourtant pas abattre et puise dans cette indélicatesse une formidable énergie afin de relever le plus grand challenge de sa jeune carrière, « en m’enjoignant d’être moi-même », dit-il, « j’ai progressivement appris à dominer ma maladie, à apprivoiser mon corps » …
1992 : Zetterberg, balle au pied, sous les regards de Suray, Rouyr et Emenalo du RWDM.
C’est Georges Heylens qui attire Pär au Sporting en 1991 et Anderlecht accepte de céder son futur joyau sous la forme d’un prêt. Malheureusement, les résultats de l’équipe sont très mitigés et irréguliers. Luka Peruzovic arrive à la rescousse, ses méthodes très bien assimilées par le noyau permettent au Sporting d’effectuer un fantastique second tour et de conforter son maintien en première division.
Le talent de Pär Zetterberg se révèle aux yeux des spécialistes et… des autres clubs. Sa seconde année chez les Zèbres est sensationnelle sous la direction de Robert Waseige. Le Sporting termine 7ème à égalité de points avec le Club Brugeois et accomplit un parcours admirable en Coupe de Belgique pour échouer en finale face au Standard de Liège.
RCSC – Finale Coupe de Belgique – 6 juin 1993
Debout de g. à dr. : Suray-Van Meir-Janevski-Moury-Rasquin
Accroupis, de g. à dr. : Baestlé-Mommens-Malbasa-Brogno-Casto-Zetterberg
2ème flash-back. Demi-finale retour de la Coupe à Charleroi contre Anderlecht. Le Sporting, la mort dans l’âme, doit se passer de son maître à jouer retenu par son équipe nationale (32 apparitions/6 goals). Le coach liégeois sublime son groupe en martelant qu’il est capable de se surpasser sans le concours de son génial médian offensif. Waseige modifie sa tactique en conséquence et assigne Raymond Mommens à une fonction inhabituelle d’électron libre. Le stratagème fonctionne à la perfection et le Sporting empoche la seconde manche sur le score de 3-2.
Dès le coup de sifflet final et la victoire acquise, Robert Waseige contacte Pär en Suède pour lui annoncer l’excellente nouvelle. Pär est heureux et lui confie : « Vous pouvez compter sur moi, coach. Je serai redescendu sur terre, dimanche, au Parc Astrid. La victoire finale, je mettrai tout en œuvre pour vous l’offrir ».
On connaît la suite et Pär revient à Anderlecht à l’aube de la saison 93-94 pour ne plus quitter le Parc Astrid avant la saison 2000/2001 où il s’autorise un ultime challenge à l’étranger, à l’Olympiakos où il disputera 78 rencontres (8 buts, 4 assists) avant une dernière pige chez les Mauves de 2003 au 5 mai 2006, date à laquelle il met un terme à sa carrière.
6 titres de Champion de Belgique avec Anderlecht (1991, 1994, 1995, 2000, 2004 et 2006), 3 avec l’Olympiakos (de 2001 à 2003), 2 Soulier d’Or (1993 et 1997), Professionnel de l’année à trois reprises en 1993, 97 et 98, il a joué un total de 481 matches (99 buts) dont 62 chez les Zèbres (11 buts).
Depuis, Pär a bouclé la boucle. Aujourd’hui, il profite avec sa petite famille de chaque instant que la vie lui procure dans la ville qui l’a vu naître, à Falkenberg, à un peu plus de 100 kilomètres au sud de Göteborg.
Sûr qu’il n’a pas oublié la chaleur du Mambourg et ce Pays Noir où il a émerveillé des dizaines de milliers de supporters à chacune de ses prestations à domicile, ébahis par son professionnalisme, ses arabesques, sa vista mais aussi par son humilité et son énorme capital sympathie envers le public Carolo. Z comme Zetterberg… Z comme Zèbre à tout jamais !